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Je m'voyais déjà, enfermée et vide

Publié le 4 mai 2021

Nous sommes le 29 novembre 2020 et cela fait un an et deux semaines que le premier cas de Covid- 19 a été déclaré en Chine. Un an et deux semaines que j’attends la fin, et pourtant, tout cela me semble être que le début.

 

Demain, dès l’aube, à l’heure où le virus ne sera qu’un souvenir, nous vivrons. Le disque tourne et la musique semble de plus en plus forte : le confinement ne cesse de me faire revivre mes journées à l’identique. Celles où l’on me dit « ne t’en fais pas, prends ce confinement comme un moyen de te reposer, de créer, de te ressourcer… C’est plutôt joyeux, comme moment. »

 

C’est vrai. C’est vrai que c’est joyeux, d’être enfermé. C’est joyeux, de n’avoir le droit de voir ses proches. C’est joyeux, oui, de gaspiller du papier juste pour aller promener le chien, acheter une baguette ou récupérer son courrier. C’est joyeux, oui, de devoir porter un masque, de ne plus voir les sourires des gens. Et puis c’est joyeux d’espérer que tout ira mieux demain, alors que demain ne sera que le recommencement d’aujourd’hui, et qu’aujourd’hui sera toujours moins pire. Car tout s’empire. Et oui, c’est joyeux tout ça. C’est joyeux de dire au revoir aux gens qu’on aime, à ceux qu’on aime moins, à ceux qu’on a pas eu le temps d’aimer assez. Joyeux d’ouvrir les yeux au dernier moment. C’est joyeux de voir des gens s’entretuer dehors, ne respectant pas la loi, et se sentir rejeter ses principes dès lors qu’on écoute le gouvernement. C’est joyeux, ça. Imaginer le monde sans pandémie et tenter de se souvenir qu’il existait, oui. Tenter de n’être pas rongé par cette crise. C’est joyeux de tenter. Tenter sans cesse mais sans jamais y parvenir. Moi, je tente. Je tente toujours. Mais je suis fatiguée de tenter, je veux vivre.
Moi ce que je veux, c’est ouvrir mes volets le matin et respirer l’air qui va bien. C’est entrer en conversation avec mes voisins sans qu’ils me regardent comme si j’étais la peste. Je veux pouvoir me promener à toute heure et profiter du soleil. Sourire à ceux qui me sourient et danser avec ceux qui m’ignorent car oui, il y en a toujours qui m’ignorent. Je rêve d’un monde où l’on s’aiderait, où l’on s’aimerait. Un monde où je regarderai les sons, écouterai les visages, sentirai les peaux et où l’on aimerait mes défauts.

 

Je rêve d’un monde où l’on peut s’exprimer librement. Où l’on peut être heureux gratuitement. Et oui, du haut de mon mètre soixante cinq je rêve en grand, parce que je rêve d’avant. Mais « avant », s’il veut être présent, il n’a qu’à avancer. Après tout, on avance tous, on change tous. La différence entre le monde et nous, c’est que si le monde s’écroule, nous tenterons de le sauver. Si l’on s’écroule, le monde s’en fiche. Oui, il s’en fiche. Il ne porte pas d’importance à notre bien être et pourtant, il y contribue énormément. Lorsqu’il va bien, c’est d’autant plus simple d’être heureux. Lorsqu’il va mal, c’est d’autant plus simple de ne pas l’être. Moi, aujourd’hui, je ne le suis pas.

 

Je ne suis pas heureuse parce que l’on m’interdit de l’être. On m’interdit d’être libre et, jusqu’à présent, je prenais cette chance comme la source de mon bonheur.
Alors oui, je suis confinée et cela n’annonce rien de rose pour mon moral. Cela signifie froid, fatigue, zéro motivation et perte d’enthousiasme. Peur, anxiété et envie de tout lâcher. Mais espoir, tenter de garder espoir. On m’a dit que c’était la clé. Oui, ce qui pouvait envoyer à notre cerveau une once d’endorphine, un soupçon de douceur. Parce que la douceur, c’est plaisant et vivre pleinement de douceur ça peut rendre heureux. Alors voilà. C’est ça, ce dont j’ai besoin pour vivre heureuse pendant mon confinement.

 

Danser sur des accords, la musique de plus en plus fort. Trouver un peu de douceur sans forcément chercher le bonheur. Laisser la vie aller comme elle le veut et trouver, dans celle-ci, une sorte d’aveu.
Un pardon, d’infliger à grand nombre de gens de rester enfermés sans qu’ils le demandent.Demain, dès l’aube, à l’heure où le virus ne sera qu’un souvenir, nous vivrons. Mais, pour le moment, ce n’est pas prévu, alors restons à la maison.

 

Par Odyssée Deraedt

Dernière modification le 04/05/2021 à 15h47

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