Eloi est l'orage foudroyant de la musique française. Son énergie sur la scène du festival Les 3 Éléphants en a électrocuté plus d'un.e. Nous sommes allés à la rencontre de cet éclair de génie aux multiples talents pour parler de son rapport à la musique, de son envie de gérer de A à Z sa direction artistique et de son précédent album “Dernier Orage”.
- Comment ça va ?
Je vais te parler très doucement car j’ai la voix cassée. Ça va très bien, j’adore la tournée de cette année. Je me sens plus tranquille que les années précédentes parce que je pense être plus à l’aise. Du coup, ça se passe très bien. J’ai une super équipe que j’aime beaucoup. Et je bosse à côté sur plein de trucs.
- Pourquoi as-tu la voix cassée ?
J’ai fait deux concerts la semaine dernière et trois la semaine d’avant. Moi, je suis autodidacte de la voix, donc je n’ai pas les techniques. Je vais commencer des cours de chant bientôt parce que ce n’est pas possible, je m’explose la voix à chaque concert. Quand je suis dedans, je n’arrive pas à faire autrement. Et puis j’ai déjà, de base, une voix un peu cassée, donc il suffit que je force un peu et c’est terminé.
- C’est la première fois que tu joues au festival Les 3 Éléphants ?
Ouais, c’est la première fois !
- Ce soir, tu vas chanter en festival, donc devant des personnes qui te connaissent et d’autres non. Ressens-tu une pression différente comparée à tes propres concerts ?
Non, parce que les festivals, c’est une autre ambiance. Les gens sont là pour écouter de la musique et s’amuser. Les concerts en salle sont assez solennels ; tu sais que tu as ton public, donc tu sais que tu partages déjà quelque chose avec eux. Quand tu rencontres d’autres personnes et que ça danse beaucoup, c’est une énergie très différente qu'on adore aussi.
- Tu joues énormément en salle, tu es en pleine tournée. Est-ce que dès le début de ton projet, c’était quelque chose d’important pour toi, le live et d’avoir une proximité avec ton public ?
Pas du tout, parce qu'au tout début j’étais toute seule et j’étais en 4e année aux Beaux-Arts. Du coup, je n’avais pas prévu de faire cela. Et ça s’est fait un peu tout seul. Dès que j’ai commencé, je pense que c’était peut-être neuf mois après la sortie de mon premier EP qu’on m’a proposé une date. Mais ça m’a tout de suite plu, je pense que même dans ce que je faisais à l’école, il y avait un côté un peu performatif. J’ai toujours été assez à l’aise en vrai. Je pense que ça m’a intéressée comme travail et c’est une autre dimension de ce que tu fais dans la musique. Tu la performes, tu l’incarnes et c’est super intéressant.
- À la base, tu ne voulais pas devenir musicienne ?
Je pense que si, mais je n’avais simplement pas la prétention que ça marche. Disons que ce n’était pas moi qui ai provoqué le truc, c’est un peu venu me chercher.
- T’es aussi artiste plasticienne, est-ce que tu arrives encore à créer à côté ?
Pas du tout en ce moment. J’ai eu mon diplôme il y a bientôt deux ans cet été et depuis, j’ai fait mon album, j’ai fait des tournées, donc c’est compliqué parce que ça me demande du temps. Je trouve que c’est quelque chose qu’il faut entretenir, comme la musique. Mais je le referai sûrement à un moment où je déciderai de faire cela.
- Tes chansons sont intimes, tu ne caches pas le fait que ça parle de toi. Comment vis-tu le passage de l’écriture dans ta chambre à chanter devant un public ?
C’est assez impressionnant parce que dès que tu vois des personnes chanter tes chansons, voir que ça résonne pour elleux, il y a un truc où c’est comme rendre légitimes des choses qui te sont arrivées. Et du coup, te rendre compte que tu n’es pas seule. Donc c’est ça qui est intéressant, je trouve, dans le partage.
- Et ça ne t'a pas fait peur de te livrer à 100 % ?
Non, j’ai l’impression que c’est un espace où j'y arrive plus facilement que dans la vie en général. Même si, dans la vie en général, j’y arrive aussi. Je suis assez sensible et ça se voit, je n’ai pas trop de mal à en parler. Même dans mes dessins, dans ce que je faisais, ça a toujours existé. Ce n’est pas quelque chose qui me stresse. Mais si les gens ne comprenaient pas le truc, là ce serait un problème. Mais vu que pour l’instant ça se passe plutôt bien, disons que je me sens plus privilégiée d’avoir cette possibilité.
- Est-ce que tu le vois comme une thérapie finalement ?
Oui, vu que c’est très intime et personnel, forcément ça permet de prendre du recul, de la distance par rapport à des événements. Une fois que c’est lâché, ça va mieux. Comme pour mon album, une fois que c’est sorti, ce sont des thèmes que je n’ai pas forcément envie de refaire dans mes prochains titres.
- Tu as sorti il y a un mois “Comme Un Animal”. Peux-tu nous parler de son processus de création ?
Alors, pour ce morceau, j’ai utilisé la même méthode que pour “On Fait du Rock” et “Avant La Fuite”. En fait, je commence par composer une basse, car j’aime bien commencer par là pour poser mes sons. Ensuite, j’ai invité Mia aka Choribaby, ma guitariste, à venir chez moi pour travailler ensemble à la guitare. Une fois qu’on avait quelque chose de solide, on a immédiatement trouvé un refrain avec la double guitare qui était vraiment efficace. J’ai écrit les paroles et tout s’est fait assez rapidement, en réalité. C’était beaucoup de jam, mais en partant de la structure que j’avais déjà établie.
- Tu as dit sur tes réseaux sociaux que c’était un bonus de ton album qui est sorti en septembre, qui s’appelle “Dernier Orage”. Tu ne voulais pas mettre ce morceau dans un nouvel EP ?
Non, pour moi, il est vraiment... Enfin, j’avance sur quelque chose d’autre. Pour moi, ça correspond plus à ce que j’ai fait à “Call Me”, à des morceaux comme ça. Je l’ai fait à ce moment-là et je voulais que ça reste à ce moment-là. Ensuite, je suis passée à une autre étape.
- Donc tu as d’autres projets en cours ?
Oui, bien sûr. Hmm, ça ne sera pas un album.
- Et des clips en cours ?
Non, parce que je me suis dit qu'après “Dernier Orage”, je ferme la porte. Dès que tu commences à travailler sur autre chose, ça prend vraiment beaucoup de temps et d’énergie. Donc j’essaie plutôt de me concentrer sur ce que je vais donner visuellement dans le prochain projet, parce que ça va vite en réalité.
- Quelle est la musique que tu aimes le plus jouer sur scène ?
Elles sont toutes très différentes. “Comme Un Animal”, elle est quand même incroyable sur scène depuis qu’on l’a incluse. Elle est très scénique cette chanson. Limite, je pense qu’elle est plus faite pour la scène que pour l’écoute. Je pense que c’est une de mes préférées. Sinon, il y a “Volcan” qui a toujours été intense en live pour moi. Puis, c’est dans une gamme de voix qui est facile parce que j’ai quand même beaucoup de voix différentes et en live, c’est parfois un peu difficile à performer. Il y en a une que je n’ai pas sortie et qui ne sortira jamais, qui s’appelle “Accélère”, parce qu’elle est uniquement pour la scène. Elle est incroyable et j’adore la jouer aussi, mais elle me casse la voix, c’est pour ça que je la joue moins.
- C’est toi qui gères la direction artistique de ton projet, tu as créé ton propre label aussi, est-ce que c’était une volonté de ta part dès le début ?
Je pense que oui, après je suis très bien entourée quand même, donc on m’a conseillé de le faire. Et puis, petit à petit, j’ai vu que si je ne le faisais pas moi-même, ça risquait de me mettre dans des situations où je ne pourrais pas prendre réellement des décisions seule. C’est pour ça que je me suis très vite dit que je voulais qu'être en distribution. J’ai l’impression que j’ai les capacités artistiques pour faire des choses, tout en ayant beaucoup de partenaires, mais en restant assez présente et centrale. J’ai un peu peur de le laisser à d’autres personnes et que ça se transforme en quelque chose qui ne correspond pas à ce que je veux.
Réservez vite votre 1er avril 2025, car Eloi fera son premier Olympia ! (Et ce n'est pas une blague ;)
Crédit : Guillaume Kerjean
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