Fin septembre, Joly Môme a été au Poetik Bazar, marché de la poésie internationale à Bruxelles, où de nombreuses maisons d’éditions, revues, artistes francophones ont pu présenter leurs travaux. Pendant cet événement incontournable qui nous a séduit, j’ai ainsi pu découvrir plus en profondeur le travail de Poétesses Gang. Avec leur large présence sur Instagram, j’avais déjà pu les lire sur leurs posts ou les écouter à travers leurs vidéos, mais je ne les avais jamais vues “en action”. Ce fut alors le moment idéal pour les rencontrer, les découvrir, les écouter ! D’abord, j’ai été à leur atelier “Poésies féministes” organisé par deux membres, Claire Sistach et Alex·ia Tamécylia, dont je te parle plus dans mon précédent article sur cet événement. Mais pour cet article, je voulais te parler de leur performance, et surtout de la rencontre que j’ai pu avoir avec elles !
Une performance multilingue
Leur performance regroupait 4 d’entre elles, avec quelques personnes surprises cachées dans le public. A côté de Camille Bloomfield, Elise Bronsart, Caroline Giraud et Mélanie Leblanc, un diaporama donnait les titres et des illustrations liées aux récits. Le public a ainsi pu assister à un discours multilingue, imprégné de ce mélange de langues témoignant de la diversité des cultures humaines. En tout, une vingtaine de langues sont apparues dans la performance (anglais, allemand, portugais, espagnol, lituanien, estonien, ukrainien, néerlandais, grec, etc). Chaque texte aborde à sa manière la subtilité des langages, la douceur de certaines rencontres interculturelles, la violence d’autres. C’est une performance riche et belle au rythme presque mélodique, avec de l’émotion et du rire, du calme et du rapide, des personnes dans le public venant parfois ajouter leurs voix. On vogue à travers des filets de langues qu’on comprend entièrement, partiellement ou pas du tout. Les poétesses nous guident ou parfois nous laissent dans nos incompréhensions. Ça nous touche, quoi qu'on en retire, ça parle toujours à quelque part en nous.
Crédit photo : Anne-Flore Mary et Sam'Touch
J’ai aussi eu l’honneur d’avoir une rencontre avec cinq membres de la gang (comme le mot québécois signifiant “bande”, “groupe”), juste avant leur performance ! On a pu échanger sur leur groupe, leurs idées, leurs objectifs.
Il y a d’abord eu l’impulsion de quelques personnes pour créer un groupe de poétesses lorsqu’elles ont réalisé qu’il n’y en avait pas alors qu’on se côtoie beaucoup dans des scènes ouvertes. L’idée a abouti à Poétesses Gang, qui s’est naturellement agrandi avec justement les scènes ouvertes, le bouche-à-oreille, les rencontres, etc. Aujourd’hui, elles sont une vingtaine de membres, mais chacun.e s’implique à différents moments et différentes intensités. “Il n'y a pas de sélection, de compétition, de hiérarchie, de critère. C’est très libre, car on veut créer un espace de sororité pour toustes. On ne recrute personne pour l’instant, car on apprend encore à se connaître, à travailler ensemble, à définir le projet.”
Crédit : Mira Migraine
Quels objectifs ?
Leur but : unir leurs individualités et leurs différences dans la poésie grâce à un groupe qui bénéficie aux membres et au public. La notion d’unité pour valoriser les diversités m’a semblé revenir à plusieurs reprises. Avoir un groupe de personnes opprimées (femmes, personnes queer, racisées, etc) aux valeurs communes pour bénéficier d’opportunités, d’un groupe auquel se rapprocher, d’une énergie commune. Et que dans ce groupe, la valorisation des diversités de parcours, expériences, idées, identités qui ont un impact évident sur l’écriture soit mise en avant. Au-delà des bienfaits sur les membres, une d’entre elles souligne l’impact positif que le collectif et ses actions a sur l’audience : “On a régulièrement des femmes qui viennent nous voir pour nous remercier car elles ont osé commencer à écrire en nous voyant le faire”. En plus de tout cela, l’un de leurs objectifs autour de la poésie est de l’ouvrir à plus d’espaces accessibles et vivants, comme en témoigne leur large présence sur instagram, dans la rue, leurs performances, les scènes ouvertes, etc.
Je leur ai demandé pour finir si elles avaient un message à transmettre à nos lecteurices :
“Écrivez de la poésie. Autorisez-vous à créer. Osez. Votre voix importe.”
Alors pas d’excuse, écrivez !
Pour les suivre, rendez-vous sur leur compte instagram @poetesses.gang. Plusieurs de leurs membres font des performances régulières sur les scènes parisiennes du Krachoir et de Mange tes mots. Il y a aussi quelques scènes dans des événements occasionnels comme ici, au Poetik Bazar, ou même dans la rue. Toutes les informations sont précisées sur leur compte instagram !
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