Société

Faire une réduction mammaire

Publié le

Nous sommes le 20 décembre.
Et aujourd’hui cela fait un an.
Un an de vie, avec une nouvelle poitrine.

J’aurais aimé lire cet article avant ma réduction mammaire, lors des moments de doute, de peur et de questionnements. Peu de retours d'expériences étaient disponibles (seules quelques vidéos Youtube ou des articles médicaux) : les informations me semblaient maigres et insuffisantes face à la situation dans laquelle j’étais. 
Bien sûr, les médecins et anesthésistes répondaient à ces questions. Mais qu’en était-il de celles qui l’avaient vécu ? J’avais besoin de leurs sensations, leurs expériences, leurs émotions.

Alors voici, un an plus tard (joyeux anniversaire à eux) : mon retour. 
Attention, cet écrit comporte des mentions de chirurgie, cicatrices et soins infirmiers. 
L'article est divisé en 4 parties, pour clarifier vos recherches :) 

1- La vie avant

J’ai la chance d’avoir pu faire ma réduction mammaire assez jeune puisque j’avais 18 ans. Je souffrais déjà de douleurs dans le dos depuis de nombreuses années et d’un inconfort physique plus général. 
Je pense très honnêtement que ce mal être physique est devenu tellement important que le moral en à été atteint très vite. 
Je ne saurais dire ce qui était le plus impactant : devoir acheter des tee shirts 2 tailles au-dessus pour être confortable, faire 24 boutiques pour trouver un soutien-gorge à la bonne taille (mais qui coûte quand même 75 euros à cause de sa taille et son maintien alors qu’il est littéralement juste beige !!), cette sensation de décalage entre la vision que j’ai de mon corps, et ce que le miroir me renvoie… Les exemples sont nombreux.

Alors bien sûr j’ai connu les pulls trop grands pour masquer la masse et les binders pour aplatir cette poitrine que je n’arrivais plus à voir. (Je rappelle que le port d’un binder est dangereux si la durée maximale du port n’est pas respectée. Renseignez-vous bien. Faites attention à vous <3) 

Au fur et à mesure du temps, vous vous en doutez, cette chirurgie est devenue un besoin. Tant physique que psychologique. 
J’y pensais déjà depuis de nombreux mois mais j’étais encore trop effrayée à l’idée de passer à l’acte. Et un jour, (phrase qui m’a beaucoup marqué quand je l’ai réalisé) j’ai eu davantage peur de ne pas pouvoir le faire, que de le faire. Alors oui, la peur était présente, et nous en parlerons. Mais le processus était intérieurement déjà lancé.

2- Passer le cap : prendre les premiers rendez-vous

Je ne vais pas mentir, c’est l’étape la plus compliquée : prendre rendez-vous. Que ce soit par la symbolique de l’acte, ou simplement par le choix difficile qu’est de choisir « le bon chirurgien ».  Évidemment l’adjectif «bon » ici choisi est purement subjectif. 
Et c’est positif ! C’est vous qui êtes libres de choisir le chirurgien qui vous inspire le plus confiance. 

Les critères ensuite sont multiples : homme ? femme ? Localisation ? Technique utilisée? Hôpital public/ privé ? Clinique ?…(Doctolib sera votre meilleur ami, ainsi que les avis recensés). Mon plus grand conseil serait de ne pas hésiter à contacter et rencontrer plusieurs chirurgiens. Il est absolument normal d’avoir envie/besoin de ce temps de recherche.

En ce qui me concerne, mon premier rendez-vous n’était pas positif car la chirurgienne en question n’avait pas réellement pris en compte mes besoins et envies. 
Alors j’ai choisi d’attendre, et de trouver un professionnel avec lequel je me sentirais en confiance, comprise et écoutée. 
Et bien qu’il était dur de démarcher de nouveau, de prendre rendez-vous, de vivre un deuxième “premier rendez-vous”,  cette décision était clairement la meilleure, puisque c’est ce deuxième chirurgien qui m’a opérée. 

Concernant ce rendez-vous : il est nécessaire d’écouter vos envies. 
Être accompagnée ? Y aller seule ? En parler avec vos proches, ou pas. Vivez cette étape comme vous en ressentez le besoin.

Qu’est-ce que ce rendez-vous ? 
Concrètement, vous allez discuter de vos besoins (pourquoi avoir recours à cette chirurgie), de vos inconforts (douleurs, insensibilité…) et de vos envies (taille du bonnet, date d’opération..). N’hésitez pas à poser toutes vos questions, et à énoncer vos potentielles craintes. 
C’est aussi durant ce rendez-vous qu’il va être déterminé si votre opération va être prise en charge ou non. (Dans tous les cas, envoyez votre devis à la mutuelle !)

3- Le jour J et le post opératoire

Personnellement, je suis arrivée la veille de mon opération, qui était programmée à 10 heures du matin. Mon chirurgien est venu prendre des mesures, en dessinant sur mes seins avec un marqueur noir. Suite à ça nous avons discuté et il m’a rassurée.
Cela va s’en dire, ma nuit n’était pas la plus tranquille, j’étais à la veille d’un grand jour que j’attendais depuis longtemps. 
Le matin les infirmières étaient très présentes, médicament pour atténuer le stress, crème anesthésiante pour le cathéter (paradoxalement, j’étais plus stressée par ce petit bout de plastique que par l’opération elle-même.) Une douche à la bétadine plus tard et puis le moment était venu, les brancardiers sont venu me chercher : direction le bloc. 

Avant cette grande étape, il faut installer un cathéter (dans le bras ou sur le dos de la main, ça dépend), en clair c’est une mini aiguille à l’intérieur de votre peau et un petit tube en plastique à l’extérieur qui permet d’injecter l’anesthésie par exemple. Et bien malgré toute mon anxiété et mes craintes : ça n’est pas douloureux, seulement désagréable mais comme une prise de sang finalement, sauf que l’aiguille reste :) 

Concernant l’anesthésie, tout se passe très rapidement : quelques respirations dans un masque à oxygène, vous vous sentez vous endormir et puis vous vous réveillez quelques heures plus tard, en salle de réveil. 
Personnellement tout s’est bien passé, les complications sont rares ! 

Je suis restée à l'hôpital deux jours, le temps d’enlever le bandage compressif que j’avais (ça n’est pas systématique, parfois c’est juste bandé), les drains (certaines personnes en souffrent beaucoup, d’autres moins, c’est désagréable mais pour ma part ça n’était pas douloureux), et de faire les pansements. 
Niveau douleur c’est vraiment supportable et les médicaments aident bien à gérer ces sensations ! 

Quand je suis rentrée chez moi, une infirmière venait tous les deux jours faire les pansements, pendant deux mois. Je portais une brassière chirurgicale, et je ne pouvais pas dormir sur le ventre durant les 2/3 premiers mois (c’est le plus dur quand on est habituées mais sinon ça va et ça passe très vite !!) 
Pour moi, seuls les rendez-vous infirmiers étaient compliqués car j’avais besoin de me réapproprier mon corps, et j’aurais aimé passer ces premiers instants seule avec « eux ». Mais les infirmières ont toujours été douces et à l’écoute !

4- La vie d’après : (spoiler alert : une renaissance) 

Pouvoir courir sans tenir ses seins, ne plus avoir mal au dos, trouver des vêtements à sa taille bien plus facilement, avoir un choix immense de brassières et soutiens-gorge : des couleurs, des motifs !!! (Rappelons-nous des soutiens-gorge seulement beiges ou noirs), pouvoir acheter des maillots de bain à sa taille sans peine, se sentir encore plus belle, être à l’aise en été, être à l’aise en hiver, être à l’aise au printemps, être à l’aise en automne, pouvoir faire du sport sans avoir mal au dos, retrouver une position où se tenir droite ne fait pas mal, voir ses seins cicatriser jours après jours, découvrir son corps, regagner en sensibilité, se regarder dans le miroir : les aimer enfin.

Parlons pour terminer des cicatrices, je sais que c’est souvent ce qui fait peur. De mon côté j’ai eu la chance d’être très confiante vis-à-vis de ça. J’avais déjà vu des seins cicatrisés, d’autres en cours de cicatrisation, des photos quelques jours après l’opération etc…Et honnêtement je trouvais ça joli. (N’hésitez pas à demander des photos à votre chirurgien)
Aujourd’hui, un an après mon opération, certaines cicatrices ont totalement disparu. (Il y en a 3 : une autour du mamelon, une sous le sein, une qui relie les deux à la verticale.) Au fur et à mesure qu’elles disparaissent j’aimerais les y graver à jamais. Parce que j’ai toujours connu mes seins actuels comme ça, c’est un renouveau, pour moi ça n’est pas un élément étranger: c’est une ancre de bateau :) 

Prenez-soin de vous, écoutez-vous et ayez-confiance <3

 

Un énorme merci à mon ami Paul (@vaguementbrillant sur instagram !! (allez-voir son superbe travail !!)) qui à réalisé cette merveilleuse illustration, spécialement pour couvrir cet article qui me tiens beaucoup à cœur. 

 

Par Andrea Mary

Dernière modification le 20/12/2023 à 12h00

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