Culture

Maddy Street : « Il y a un manque énorme de représentation en termes de personnes non-binaires dans la pop culture française »

Publié le 20 octobre 2023

Étant lae lauréat.e du Prix Pernod Ricard Live Music 2023, Maddy Street s'est produit.e deux fois vendredi dernier au MaMa Convention & Musique. Nous l'avons rencontré pour parler de son dernier EP, British Boy, qui aborde son coming-out non-binaire, mais également de ses inspirations pour créer et ses projets à venir. 

Ça va super ! Et oui, carrément !

Dans le milieu de la musique, c'est une grande convention connue, surtout pour les artistes émergents. Et cette année, j'ai eu la chance d'être programmé.e à La Machine du Moulin Rouge, notamment avec le Prix Pernod Ricard Live Music France, et aussi pour le programme Avant-Garde qui se passe aux Trois Baudets et c'est soutenu par la SACEM. Donc j'ai la chance de participer à ces deux dates au MaMa.

J’aime les deux mais je préfère la scène. Je trouve que c’est là que je vends le mieux mon projet. Et vraiment l’esprit vivant de la musique, c’est quand on rencontre le public. C’est ma partie préférée de relâcher toute l’énergie qu’il y a dans les morceaux sur scène.

Un de mes premiers souvenirs… C’est de voir mon père jouer de la guitare dans le salon. On écoutait aussi énormément de musique à la maison, donc d’avoir constamment en fait de la musique qui jouait non stop dans le salon.

Je ne dirais pas qu’il est plus intime. Tous mes sons sont très intimes parce que je parle énormément de moi. Comme tout bon artiste de toute façon. Mais oui, British Boy, c’est mon EP coming-out par rapport à ces questionnements là et ça l'a été de manière très publique du coup. Parce qu’il n’y a pas plus public que de le mettre dans le titre de son EP. 

Non, c’est une question qui est très peu abordée dans la culture pop en France. Enfin, même partout, mais je vais parler de la France car c’est ce qui me touche directement. Le français est une langue extrêmement genrée et donc c’est compliqué. Il y a un manque énorme de représentation en termes de personnes non-binaires dans la pop culture française. Personnellement, je n’en connais pas qui sont des personnes connues. Dans les pays anglophones, il y en a qui se démarquent un peu, comme Sam Smith par exemple, qui a fait son coming-out il y a quelques années. Mais en France, ça manque toujours et donc du coup parfois les gens ne comprennent pas. 

Les gens, quand je les rencontre et que je prends le temps de leur expliquer, en général, ça se passe bien. Et j'ai aussi la chance d'être entouré.e de personnes pratiquement que des femmes ou de personnes queers dans mon entourage professionnel. Donc, de ce fait, je suis au moins safe dans mon espace personnel de la musique. Mais dans l'espace un peu plus public, on va dire que c'est encore un peu compliqué. Même si les choses bougent doucement, j'ose croire que même à ma toute petite échelle, le simple fait d'en parler aux gens pro peut aider un peu. 

C’est une manière très synthétique et bien décrite. Globalement, c’est de la pop accessible mais c’est très fortement influencé par le rap ou le rock que j’écoute. Rock, en grandissant du côté de mes parents. Rap, c’était plus les goûts que je me suis fait.e moi à l’adolescence. Et tout ça mélangé, avec aussi un peu des influences électro au vu du producteur avec lequel je travaille principalement qui s’appelle Saisama qui bosse plus dans l’électro. J’aime avoir cette liberté de toucher à tout dans mes sons. Passer de styles différents même au sein d’un même son. Du tout, du rien, du calme au énervé. J’aime beaucoup m’amuser avec cela.

Les premières influences, ce sont des trucs rocks classiques on va dire, comme The Who, The Beatles, The Rolling Stones… Après des rappeurs beaucoup plus UK, comme Loyle Carner ou Little Simz que j’aime énormément. De la pop alternative, de la indie pop… Et dans les trucs très récents, il y a Olivia Rodrigo que j’adore en ce moment qui réanime le pop rock vraiment au grand jour et c’est super chouette.

Le cinéma… Je vais beaucoup au ciné. Je fais aussi de la vidéo et de la photo à côté, comme notamment de la réalisation de clips. Je réalise mes propres clips par exemple. Et mes relations, les personnes que je rencontre, ma copine, mes parents… Toutes les personnes que j’aime et qui m’entourent.

J’ai un single qui s’appelle Big Dreams qui sort en novembre prochain. Il est un peu plus club que d’autres sons que j’ai fait. Club rap, toujours et un peu de rock aussi. Et pour lequel j’ai tourné un clip en Normandie chez mes parents, au fin fond de la campagne. Je suis très fier.ère de ce projet et j’ai très hâte qu’il sorte. 

J’aimerais énormément jouer à La Cigale car c’est là où j’ai été voir mon premier vrai concert à 16 ans. Donc j’ai très envie de boucler la boucle. Certains visent le Zénith ou quelque chose du genre… Bien sûr, si on me propose le Zénith, je ne refuserais pas. Mais La Cigale reste l'un de mes rêves. J'aimerais aussi que ma musique touche un public plus large en dehors de la France, car je chante principalement en anglais. Cela me semble logique et cohérent que cela se fasse également.

Récemment, notamment le prochain single, il y a quand même plus de français qui s’imprègnent dans ma musique car je consomme plus de musiques françaises qu’avant. Mais vu que j’ai la double nationalité et que mon premier contact avec la musique c’était la musique anglaise, c’est quand même ce que je fais majoritairement. Mais le français prend de plus en plus de place.

 

Crédit photo : Emma Birski

Par Agathe Pichon

Dernière modification le 20/10/2023 à 11h36

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