Culture

Je me souviens...Joanna

Publié le 19 juillet 2024

Il y a ces artistes que l’on écoute un temps. Les artistes dont une ou deux musiques passent en boucle dans nos écouteurs. Ceux qui font du bien au coeur, ceux qu’on écoute passivement. Il y a ceux dont on a oublié le nom, ce dont on se rappelle toujours.

Et puis, pour moi, il y a Joanna, qui reste présente de loin, et semble venir à moi dès que j’ai besoin d’entendre ce qu’elle a à dire.

Cette chanteuse que j’ai découverte par hasard sur Spotify durant mon adolescence, à l’époque où son premier album n’existait pas encore. Je me souviens de Séduction en 2018. Des heures que j’ai pu passer à l’écouter. Dans le bus, en courant, en allant au collège, (en révisant le brevet et le bac,très probablement).

Je me souviens de la fois où j’ai compris de quoi elle parlait. De l’attirance d’une femme envers une femme, et j’ai ressenti la même chose. J’ai compris plus ou moins quand je l’ai entendu poser les mots sur ce qu’elle même ressentait. C’est la première femme qui chantait l’amour lesbien.

Je me souviens de solitude.

Je me souviens avoir précommandé son premier album, Vénus, un vinyle transparent. Je l’ai toujours gardé, dans ma chambre, dans mon premier appartement, dans mon premier appartement avec ma copine.

Pendant une longue période, sa musique n’était plus dans mes playlists, je n’ai jamais cessé pourtant de poser ce vinyle transparent sur ma platine dès que l’on me disait « mets ce que tu veux, je veux découvrir quelqu’un ».

Je me souviens de la notification Spotify « Sérotonine est disponible, nouvel album de Joanna ». C’était le 7 mai 2021 (ça je ne m’en souviens pas, j’ai cherché sur Spotify). Je me souviens ne pas avoir accroché, mais avoir écouté plus d’une vingtaine de fois le feat avec Laylow, que j’écoutais depuis récemment. Deux univers se mélangeaient à merveille, et j’ai tellement aimé cette sensation neuve.

Je ne me souviens pas des autres sons, je les écoute en écrivant cet article et je pense les aimer. J’écouterai durant la suite de ce trajet de train.

Spotify ne m’a pas prévenu de la sortie de "Where’s the light ? ».
Et merci pour ça.

Alors que je venais couvrir le printemps de Bourges, pour Joly Môme, j’ai vu son nom sur la programmation. Sans regarder ce qu’elle faisait maintenant, j’y suis allée. Le coeur chaud et nostalgique de tout ce que sa musique m’avait apporté.

On a beaucoup chanter, danser et crier.
À peine quelques mélodies plus tard,
Quelques notes de piano,
Ma poitrine s’est serrée fortement.

« C’était un vendredi soir, (…) tout s’est passé dans le noir, il est entré dans mon monde, j’en avais pas envie »

Et je me suis figée.
Je ne sais pas si je suis la seule, ou si le public entier aussi à cesser de danser.
Je ne sais pas.

Mais j’étais incapable de bouger.

« Ce n’est pas si grave. »

Encore aujourd’hui alors que j’écris volontairement cet article les mots m’échappent.

« Maintenant que je vous parle, OUI c’est grave, il vous ment, il prépare son discours, il dira que je suis folle, impunément »
Merci pour ce flux de pensées, merci pour les mots que tu t’adresses et que tu nous offres avec le même amour et la même sincérité. Merci de rétablir la vérité.

Merci pour la force, le courage, la ré-appropriation que tu nous as offert à toutes.
Merci encore une fois, d’avoir su mettre des mots alors qu’aujourd’hui encore, je peine à les prononcer dans ma tête. Merci de nous donner l’occasion de le dire, collectivement, et en chanson.

J’ai vu ta larme quand les lumières se sont éteintes à la fin.
Tu n’as pas dû voir la mienne,

Quand j’ai dis merci, c’était pour tout ça.

Joanna, merci.

Prends soin de toi,

Andrea

Par Andrea Mary

Dernière modification le 20/07/2024 à 12h12

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