Société

La culture du viol : on en finira, un jour ?

Publié le 11 avril 2021

Banalisé, minimisé et souvent passé sous silence, le viol est à ce jour un acte inconsciemment accepté et surtout impuni.

La culture du viol c’est l’intériorisation et la normalisation des violences faites aux femmes par la société. Elle se manifeste sous différentes formes, généralement cachée par des formulations de phrases incriminants la victime. Elle nous est inconsciemment inculquée dès le plus jeune âge : les premiers bisous forcés et les attouchements commencent généralement au collège. La notion du consentement est encore très floue et pas du tout apprise à cet âge là, ce qui donne des hommes sans éducations et dangereux. C’est également le fait de couvrir le coupable en lui cherchant des excuses au lieu de tout simplement croire et protéger la victime. « il doit avoir un problème mental pour faire ça. » ; «Ça reste un homme ».

Penser qu’il n’y a qu’un type de viol qui correspond au cliché de la femme agressée dans une ruelle sombre par un parfait inconnu, c’est également contribuer à cette culture. C’est terriblement dangereux de penser cela car ça couvre et protège les (potentiels) violeurs qui connaissent leurs victimes. Il faut savoir que dans 74% des cas la victime connait ou connaissait son agresseur et 67% des agressions se passent au domicile de la victime ou celui de l’agresseur. 

La culture du viol, dans sa globalité c’est l’inertie, l’inaction.

Les femmes victimes d’agressions sexuelles ne sont ni écoutées ni protégées. Très peu portent plainte et lorsque certaines le font, dans la majorité des cas, c’est classée sans suite. 

Cette semaine nous avons pu assister au remaniement du gouvernement. Gérald Darmanin a été nommé ministre de l’intérieur. Problème, il traine derrière lui une plainte pour viol depuis 2017. Mercredi 8 juillet, sur le plateau de Jean-Jacques Bourdin, le Premier Ministre Jean Castex a déclaré « assumer totalement » cette décision. 

Ce n'est pas tout.

À l’issu du second tour des élections municipales, Cédric Cornet, a été élu maire du Gosier, en Guadeloupe. Pourquoi nous le mentionnons ? Simplement parce que cet homme a été accusé et condamné en 2019 pour atteinte sexuelle sur mineure. En d’autre termes, un pédophile est actuellement maire en Guadeloupe. C’est incroyable comment la vie des hommes accusés de violences sexuelles restent intactes alors que celle des victimes est à jamais bouleversée. Des femmes ont vu leurs agresseurs devenir ministre et maire. Comme l’a si bien dit Camélia Jordana sur France Info, c’est « cracher au visage de toutes les femmes ».

Pouvez-vous imaginer la violence que cela doit être ? Constater que même ayant subit une condamnation, la vie de ces hommes reprennent leur cours. Constater que nos voix ne comptent pas, nos traumatismes non plus. Vers qui sommes nous supposé nous retourner maintenant que des agresseurs sont au gouvernement? 

La culture du viol c’est aussi ça. S’en foutre littéralement lorsqu’un homme est connu comme étant dangereux et que tout le monde ferme les yeux. 

Nous allons continuer à dénoncer ces actes censés être condamnables. Nous allons crier encore plus fort s'il le faut. Nous ne devrions pas manifester pour nos dignités, pour nos vies mais pourtant nous le faisons, et cela ne s’arrêtera pas tant que les violences faites aux femmes seront banalisées.

Par Jenna Boulmedaïs

Dernière modification le 12/04/2021 à 15h22

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