Fin novembre au festival Pop&Psy, j’ai pu rencontrer Marie-Alix De Putter pour lui poser quelques questions sur sa fondation visant à lutter contre la stigmatisation et à fournir des soins en matière de santé mentale en Afrique. La concernant, c’est une femme avec 16 ans s’expérience dans les affaires et la stratégie d’entreprises dans les secteurs public etn privés africains. Elle créé sa fondation après l’assassinat de son mari qui lui provoque des troubles de lsa santé mentale. Sous sa direction, sa fondation et notamment son programme primé Heal by Hair a vu son empreinte sociale et son impact croître rapidement. Autrice et entrepreneuse, elle a été lu et regardé par plus de 280 millions de personnes, y compris via des médias nationaux et internationaux, dans plus de 130 pays.
- Bonjour Marie-Alix De Putter ! Vous êtes la fondatrice de BlueMind Foundation. Est-ce que vous pouvez vous présenter, et présenter votre fondation ?
- D’abord, je suis écrivaine et entrepreneuse, et j’ai créé BlueMind Foundation. C’est une organisation internationale qui a pour mission de déstigmatiser la santé mentale et rendre accessible le soin, pour tous et toutes, notamment en Afrique et pour les populations afrodescendantes. Elle existe depuis 2021, donc la fondation en elle-même est plutôt récente, mais c’est un projet que je porte dans mon cœur depuis 11 ans maintenant. Mon mari est mort assassiné lorsque j’étais enceinte de notre fille, et donc ça a été un moment où j’ai moi-même rencontré des troubles psy qui continuent d’être présents. Donc la santé mentale fait partie des sujets qui m’animent depuis très longtemps.
- Quelles sont le genre d’actions que vous faites ?
- Nous développons des actions innovantes avec l’idée de répondre avec des solutions qui parlent aux personnes auxquelles on s’adresse. Je pense notamment à notre programme Heal by hair (“Guérir par le cheveu” en français). On part du principe qu’il y a 107 millions de personnes qui souffrent de troubles de la santé mentale en Afrique, dont 68 millions qui sont des femmes. Dans ce programme, notre objectif est de toucher le maximum de personnes et notamment le maximum de femmes, en formant des coiffeuses aux troubles mentaux, pour écouter leurs clientes activement et sans jugement, pouvoir détecter des troubles, et surtout pouvoir rediriger vers des soins et des professionnels adaptés. Une coiffeuse voit en moyenne 7 femmes par jour, donc on est passé par ces lieux-là où les femmes se confient déjà. On a d’abord fait une enquête dans sept pays d’Afrique pour interroger les femmes et les coiffeuses pour mieux connaître la nature des confidences faites (est-ce sincère, y a-t-il des freins, est-ce que les coiffeuses étaient intéressées par notre initiative, etc). Aujourd’hui, on a formé 152 coiffeuses dans 3 villes (Abidjan en Côte d’Ivoire, Lomé au Togo, Douala au Cameroun), ce qui nous permet de toucher environ 50 000 femmes par an. Nous avons un autre programme de prévention du suicide et des addictions des jeunes (12-25 ans). Et pour un dernier exemple, on a un troisième programme sur le terrain qui permet de donner des bourses à des médecins pour qu’ils se spécialisent en psychiatrie pour augmenter le nombre de médecins psychiatres disponibles sur le terrain.
- Ça a l’air très concret, dans le sens où vous visez des choses très précises qui peuvent sembler peu pertinentes mais dès qu’on s’y penche, on réalise que c’est un super accès aux personnes dans le besoin ! Est-ce que vous trouvez qu’il y a une différence de gestion de la santé mentale en Afrique comparée à l’Europe par exemple ? Est-ce qu’il y a la même stigmatisation partout ?
- Hélas, c’est stigmatiser partout. Néanmoins, en plus du tabou, il y a un manque de ressources humaines et financières. Donc ça renforce le besoin de mettre l’accent sur ces questions, notamment dans l’Afrique. Soyons concrets : l’OMS (Organisation Mondiale de la Santé) recommande d'avoir un thérapeute pour 5 000 personnes en général. En France, on doit être autour de 1 pour 10 000. En Afrique, on est à 1 pour 500 000 voire 1 pour 1 million. Par exemple, au Togo, il y a 5 psychiatres pour 8 millions d’habitants. Quand bien même les gens voudraient être aidés pour gérer leurs troubles, c’est très difficile d’y avoir accès. Il y a besoin de renforcer l’offre de soin par des professionnels mais aussi par l’aide communautaire. L’OMS le recommande d’ailleurs : il y a besoin de faire sortir la thérapie des cabinets classiques pour aller vers les populations, là où elles sont déjà.
- Votre organisation va sur ces 3 ans, donc elle est assez récente, mais est-ce que vous avez pu observer des résultats issus de vos actions ?
- Oui, complètement ! Notamment dans notre programme Heal by hair, on a pu voir des améliorations autant chez les femmes que les coiffeuses. Ça s'est rapidement ancré dans les pratiques des villes où nous sommes allés. C’est pour ça que cet effort doit être accompagné, parce que la demande est plus importante.
- Alors comment est-ce qu’on peut vous aider ?
- Il y a plusieurs moyens de nous aider ! D’abord, nous accompagner dans notre levée de fonds pour pouvoir déployer encore plus nos programmes sur le terrain. Puis, en mettant à disposition du temps et des compétences car on a besoin de ressources humaines prêtes à travailler bénévolement. Ne pas hésiter à faire des mises en relation avec des structures ou des personnes qui seraient intéressées pour travailler avec nous. Et également, nous suivre sur les réseaux sociaux : liker, partager, commenter, nous donner de la force, on en a besoin !
Merci à Marie-Alix De Putter pour son temps, sa clarté et l’engagement de sa fondation !
Site de la fondation : https://www.bluemindfoundation.org/
Compte instagram de la fondation : @bluemind_fdn
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