La littérature a toujours eu une place dans ma vie. Je ne sais pas si je dois dire que la place était importante, mais elle était.
Je me souviens des nuits cachées sous la couette avec ma petite lampe torche Décathlon rose et violette, qui éclairait maigrement les lignes que j’avalais secrètement une à une.
Je me souviens des journées lectures, des livres lus rapidement.
Je me souviens des piles de livres que j’empruntais à la médiathèque.
Je me souviens de mes lectures sur Wattpad, lorsque j’ai eu mon premier téléphone.
Je me souviens de cette incapacité à refermer le livre en cours de lecture, et de la difficulté que j’avais à le fermer définitivement lorsque je venais de lire la toute dernière page.
Je me souviens, et j’ai gardé cette habitude, de souvent lire la dernière page du livre avant de le commencer.
Je me souviens des poèmes que j’écrivais, à la maison, dans ma chambre, mais aussi en courses, sur la route, sur le bord d’un ticket de caisse pendant un match de basket, vraiment partout. Sur des feuilles qui étaient un peu jaune, ocre ? Un jaune un peu bizarre quand j’y repense, presque enveloppe ou papier Craft, mais jaune.
Je me souviens qu’à peine sortie de la Fnac, je commençais à lire mon livre en marchant dans la rue.
Je me souviens du jour où les livres de France Loisirs n’étaient plus de mon âge, du jour au lendemain nous avons arrêté d’y aller. Maintenant s’y trouve une grande librairie indépendante, et au travers des rayons j’y revois mes livres d’enfance, malgré les étalages différents.
Je me souviens de mes livres préférés, de ceux que j’ai achetés mais jamais lus entièrement, de tous ceux qu’on m’a offerts, et de ceux que je vois sur mon étagère à chaque fois que je rentre chez ma maman.
Je me souviens avoir acheté une liseuse et détester perdre le contact des pages, l’odeur du livre, la sensation après avoir lu, de regarder quelle quantité de pages il me reste, vu du dessus.
Je me souviens que je voulais écrire un recueil de poésie, que j’ai envoyé mon manuscrit à des maisons d’éditions, et que maintenant je ne trouve plus grande valeur à ces écrits.
Je me souviens aussi d’un magazine acheté chez le buraliste, et des abonnements Disney girls que j’avais en commun avec ma meilleure amie du collège.
Ma scolarité à beaucoup impacté ma vision de la littérature et de la lecture, et nous y reviendronts plus tard, seulement pour cela j’ai besoin de faire un récit plus rétrospectif.
En primaire, les livres faisaient partie de mon quotidien, je lisais le soir dans mon lit médezzanine à ciel bleu étoilé, plus tard dans mon lit en fer forgé blanc.
On allait à la bibliothèque de l’école et chacun choisissait un livre à lire, à ramener chez soi. Mon père avait souscrit à un abonnement de l’école de loisirs en école primaire, et je recevais 1 livre par mois, sur un thème que je ne connaissais pas, c’était à chaque fois la surprise, je me souviens que je ne me suis jamais forcée à lire ceux que je n’aimais pas. Plus tard est née l’envie de choisir mes livres par moi même, des carnets de cerise, au journal d’Aurélie Laflamme, j’adorais pouvoir m’identifier aussi facilement aux protagonistes de mes lectures. Je lisais beaucoup de journaux et de récits intimes et j’adorais ça ! Je choisissais mes lectures personnelles, aussi bien en médiathèque, que dans les rayons de la Fnac et France loisirs, qu’au buraliste de campagne. Je me souviens (Je sais, ce n’est plus l’endroit des « je me souviens ») de deux choses, du temps que je passais à choisir un livre, je m’asseyais par terre à hauteur des rayons et je regardais les livres un par un, rares étaient les fois où je savais ce que je voulais acheter en amont, sauf peut-être, pour les sorties prévues du carnet de cerise, auquel cas je courrais vers le rayon BD à peine arrivée. Et d’un magazine acheté dans lequel se trouvait une petite figurine zhu zhu pet.
En ma tête la temporalité est floue, je ne saurais me souvenir parfaitement des lectures que j’avais en primaire et au collège, certaines saga m’ont suivie au travers des âges.
Au collège, dans cette troisième étape scolaire, nous avons commencé à devoir lire des livres imposés, plus ou moins (surtout moins) agréables. Je ne connaissais pas les Lecours forcées, l’inconfort d’un livre qu’on ne veut pas ouvrir, l’indélicatesse d’aller à la librairie, en sachant qu’il faut se rendre dans le rayon scolaire, la sensation de devoir lire un livre dans un temps imparti. Le seul que je me souviens avoir aimé, en classe de quatrième était le journal d’Anne Franck (pas surprenant donc au vu de mes goûts littéraires !). Mes lectures personnelles se sont effacées et n’avaient plus tellement leur place dans ce nouveau quotidien rempli de sport, deux fois par semaine, de devoirs et de matchs de basket le week-end. La littérature de plaisir à disparu et n’existait qu’en cours de français, au premier étage de mon collège, dans une salle verte ou jaune, si mes souvenirs sont bons. Je ne me souviens pas des livres lus, un livre sur la guerre de 14-18, et un autre de poésie, les souvenirs sont si flous.
Je n’ai pas de réels souvenirs de livres personnels lus à cet époque, pour autant je me souviens d’un livre emprunté au CDI « qui veut le coeur d’artie show », je me souviens aussi d’une couverture jaune avec une famille, un chat et un aspirateur ? Je sais que j’aimais bien la collection des cousins Karlson, mais ne sais plus vraiment à quel âge je lisais ça. J’ai lu After aussi, sûrement en troisième. C’est globalement tout. Et je sais que si je me souviens de si peu de choses, c’est que la littérature s’était effacée de mes habitudes.
En grandissant, j’étais l’enfant qui ne vivait qu’au travers de la littérature. Il m’arrivait de parler d’un film que j’avais vu, dans les moindres détails, jusqu’à ce que je me rende compte que ça n’était qu’un livre lu, que j’avais tellement projeté que je pouvais me repasser en boucle les scènes !
Et ma scolarité a impacté cette légèreté et cette envie de lecture.
Littérature ne rimait plus qu’avec fiche de lecture, examen de lecture, oral de lecture, compte rendu, surlignage et contrainte. Contrainte de lire un livre inintéressant pendant les vacances scolaires, seul temps où j’aurais pu apprécier de nouveau un livre plus intime.
Le temps est passé et le lycée est arrivé, Stendhal, Baudelaire, La Fontaine, Voltaire : eux aussi …
Les dissertations jamais choisies en examen car il fallait connaître les livres par coeur, et que je ne retiens jamais le nom des personnages, même avec la meilleure volonté. La méthodologie des commentaires de texte, tantôt linéaires, tantôt global.
L’horreur de découvrir Stendhal, le bac de Français, l’épaisseur du rouge et du noir, à n’en plus finir, se souvenir de Julien Sorel assis sur la branche de la scierie qui finit par tomber. L’angoisse de ne se retrouver dans aucun livre. Les crises d’angoisses qui sont arrivées à cette même période, et cette fois : plus de refuge dans la littérature.
La HLP a rendu de l’intimité et de l’individualité à mes lectures, avec beaucoup de justesse. L’Humanité, La Philosophie, La Littérature. Cette matière de bac, nommée HLP, a eu un impact tellement important. Ces deux professeurs qui ont toujours donné le choix, de la lecture, de l’oeuvre, le choix d’étudier ce qui nous plaît. Plongée dans la perception de Bergson et des mots en philosophie, et en littérature, les listes de lectures composées chaque fois d’une vingtaine de livres pour répondre au programme, qui nous donnait de l’individualité, de la curiosité. Je me souviens des séances où nous parlions chacun d’un livre lu, nous le présentions aux autres. Les mots clés offert par C.D qui nous donnaient des perceptives concernant nos lectures. La possibilité d’intégré des livres que nous connaissions intimement. Je me souviens avoir intégrer Giulia Foïs dans ces récits, avec son livre « je suis une sur deux ». Ce livre ne quittait plus mes pensées, et j’avais grâce à ce dispositif, cette manière de penser la littérature, pu le coupler avec notre section d’étude où se trouvait aussi avec La Familia grande de Camille Kouchner.
J’ai retrouvé ma littérature, pendant deux années. Je relisais à la maison, moins, certes. Mais je reprenais goût à mes livres et mes lectures. J’ai lu Marguerite Duras, Edward Louis, Annie Ernaux, Michel Aussi, un artiste dont je dois maintenant taire le nom, et bien d’autres, dont je ne me souviens pas. Les pages redevenaient miennes. (Sourire)
Alors quand est venu le moment de choisir une orientation post-bac. Plusieurs choix s’offraient à moi, j’adorais le cinéma et envisageais une école de cinéma, mais les frais engendrés auraient été bien trop importants. L’art et la culture me plaisaient, mais je ne voyais pas encore comment l’étudier. J’avais trouvé une option : LEMA, une licence à la Sorbonne : lettres, édition, média, audiovisuel. Seulement lorsque j’ai appris qu’il s’y glissait beaucoup de latin, et me souvenant de mes 4 longues années de latin au collège, j’ai préféré décliner.
Il me restait la littérature, que j’avais toujours aimée, une fac semblait merveilleuse à La Rochelle, ville de coeur, d’amour et de vacances. Ma décision était prise : une fac de lettres à La Rochelle. Cette dernière venait spécialement d’ouvrir une mineure art, dans laquelle je pouvais pratiquer aussi bien de la photographie, que du cinéma, du théâtre, du chant, de l’écriture. J’étais comblée.
Seulement je n’avais pas prévu, revivre de nouveau, l’étriquement de la Littérature.
(Article suivant : Relire après une fac de Lettres)
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