Je ne voulais parler que d’un film mais c’est injuste, presque ridicule.
De sélectionner le seul, le plus grand, le plus déchirant peut-être ?
Alors que ce sont ces mêmes autres qui me replongent à lui et m’y conduisent de nouveau.
Simplement, le coeur se gonfle et décide pour moi.
On parlera de ces dernières larmes au cinéma.
Je voulais parler de Vivre Mourir Renaître de Gaël Morel que j’ai vu le 16 septembre dernier. Où jouent divinement bien Victor Belmondo et Théo Christine, que je me dois de citer dès maintenant.
Plus les mots en ma pensée se dirigeaient vers cette écriture, plus je revoyais mon corps, tantôt vide ou rempli, dans ces salles de cinéma que je fréquente beaucoup, depuis mon arrivée dans cette ville nouvelle.
Je revoyais le chemin entre ces trois cinémas du centre-ville de Lille, et mon appartement situé à quelques 15 minutes à pied. Ces films se rejouent en boucle dans ma tête, inlassablement.
J’aurais voulu parler de ce refuge que devient le cinéma, au beau milieu de la vie quotidienne.
De la sensation que me procurent les salles pleines de monde, et celles qui sont vides au contraire.
Des réalisateurs que je laisse me parler, et de ceux dont je pars avant le discours, de peur qu’un mot fragile ou mal prononcé bouscule ce que mon entièreté ressent.
Des gens qui applaudissent faiblement en signe de reconnaissance, ceux aussi, que j’observe et qui restent assis jusqu’à la toute fin des longs crédits.
Moi qui pense à Vivre Mourir Renaître, pense aussi à Girls Will be girls de Shuchi Talati, à Langue étrangère de Claire Burger, à Le coeur qui bat de Vincent Delerme.
Je pourrais penser à d’autres, mais cette fois-ci je n’y pense pas.
Ces films que j'ai vus s’étalent du 23 août au 24 septembre (un mois, presque tout pile, mais c’est un hasard), et pour autant ils m’emportent encore.
J’aimerais pouvoir photographier des scènes de film, pour être certaine que les détails ne m’échappent pas.
Alors peut-être que les décrire, les écrire ici, me permettra cette sauvegarde, cette mise en éveil, de ces scènes qui bousculent.
Oui, Vivre Mourir Renaître m’a bousculée. C’est le terme, et en l’écrivant je repense à cette scène où l’enfant (Nathan) tombe des bras de Sammy ; qui me fait tomber aussi instantanément. J’avais penser l’écriture de cet article, j’avais pensé analyser et comparer certaines de ces scènes à 120 battements par minute de Robin Campillo. A la manière dont Sean me fait penser à Sammy. À ces courses dans les rues parisiennes. Mais cela n’aurait pas tant d’intérêt.
La vérité, c'est que les films que je vois s'entremêlent, se lient, et ne deviennent que des suites logiques emboîtées les unes dans les autres.
Alors quand je cherche à parler d'un film, d'un seul. Voici ce qui me vient.
Je pense à ces scènes qui pourraient être des photos prises à l'argentique. Images fixes de quelques secondes, qui m'étonnent chaque fois que ces photos deviennent scènes existantes. (En disant ça, je pense aussi à La vénus d'argent d'Héléna Klotz ).
Et ces photos, qui existent mais n'ont été créées que pour le film, ces vidéos anciennes qui constituent des éléments d'un documentaire pourtant actuel. Je pense aux plans de plages, de mers, de couchers de soleil, qui déteignent les uns sur les autres. À cet homme qui documente ses vacances avec sa femme, des disputes à l'admiration du corps aimé allant se baigner.
Je vois Sammy pris en photo par Cyril, et pense à Mira et Anila assises l'une derrière l'autre sur ce scooter qui dessine de lui-même les routes empruntées. Je repense à l'atrocité vécue, au désespoir, et à l'attente. Très longue attente.
Les lumières du cinéma. Cette course dans la rue, et ce souvenir qui nous ramène à la réalité de ne plus pouvoir les voir courir ensuite. Cette chaise seule, en bord de mer. (Je pense aussi à The summer with Carmen de Zacharias Mavroeidis)
Je revois chacune des scènes d'amour ou de sexe, parfois des deux. Devant la fenêtre de Cyril, sur le canapé de Démos, au bord d'un rocher avec Mira, sur l'herbe avec Fanny et Léna... Je pense à ces scènes de danse, d'amour, de flirt, qui serrent parfois le coeur tant ça fait du bien à voir.
Je ressens de nouveau le coeur qui se serre quand il pense que c'est la fin, quand Vincent Delerme utilise des sons de battements de coeur pour réveiller le nôtre. (Où l'écraser encore un peu davantage)
Mes larmes quand la mort est survenue, dans Vivre Mourir Renaître. Mes larmes quand l'amour à été accroché et déformé, dans Le coeur qui bat. Mes larmes quand Jeanne dépose de l'argent dans la boîte pour payer la cantine de son petit frère, dans La Vénus d'argent. Mes larmes quand Sammy n'arrive plus à marcher dans les rues italiennes. Mon coeur serré quand il s'assoit sur cette chaise avec difficulté. Mes larmes quand Léna, difficilement, se sent trahie.
Quelques unes de mes larmes, au cinéma.
Crédits photos :
1-La vénus d'argent, ©Pyramide Distribution.
2-Vivre renaître mourir, ARP.
3-Girls will be girls, Nour films.
4-The summer with carmen, Epicentre Films.
5-Langue étrangère, © Les Films de Pierre.
Crédit illustration : Sybil Marzin, https://www.instagram.com/sybil.marzin/, que je remercie chaleureusement.
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