Littérature

Poetik Bazar : bilan de cet unique marché de la poésie

Publié le 6 octobre 2023

C’est un rendez-vous incontournable des passionné.es de poésie : le Poetik Bazar, marché de la poésie unique en Europe, s’est installé à Bruxelles. Pour cette troisième édition ayant eu lieu les 22, 23 et 24 septembre dernier, l'événement gratuit s’est déroulé aux Halles de Schaerbeek. Pendant trois riches jours : des rencontres, des concerts, des ateliers, des stands pour des maisons d’éditions, revues ou illustrateur.ices. Rien de mieux pour découvrir les visages de la poésie contemporaine internationale, avec des personnes venant de Belgique, de France, des Pays-Bas, du Québec (mis à l’honneur cette année) et bien d’autres encore. Joly Môme y a passé deux jours, et on te dit ce qu’on en a pensé.

En bref : c’était super. C’est la première fois que ce marché a lieu dans les Halles, et j’ai trouvé que cela s’y prêtait tout à fait. Il y avait un calme derrière le brouhaha des discussions, alors on peut se balader entre les rayons sans pression. J’ai pu discuter avec diverses maisons d’éditions et revues. J’ai écouté des personnes passionnées et passionnantes, assisté à des rencontres, des performances, des ateliers. 

D’abord, les maisons d'édition

J’ai croisé la fameuse L’iconopop, une collection des éditions Iconoclaste, dans lesquels on retrouve des textes plus courts et poétiques aux titres couverts de jaunes. D’eux, je me suis procuré l’ouvrage J’envisage l’impossible d’Arthur Navellou. La table d’à côté a immédiatement attiré mon regard : nappe paillettée, couvertures carrées et colorées, c’est évidemment l’édition 10 pages au carré. Les livres ont le format d’un long poème d’une dizaine de pages commandé à des artistes pré-sélectionnés. Le choix était difficile mais cette fois, j’ai pris deux bouquins : Même Reddit ne peut pas nous sauver de Lulla Clowski et J’ai un trou dans le cœur de la taille d’une brousse de Loréna Bur. J’ai ensuite trouvé l’ouvrage Lettres aux jeunes poétesses sur un stand non loin, celui des éditions L’Arche, livre publié dans leur collection Des écrits pour la parole. Je suis également allé voir les éditions Burn Août, qui avaient des affiches politiques scintillantes de couleurs flashy. Se voulant vecteur de toutes formes de colères, on y trouve des ouvrages de tout type et de tout genre qui parlent de diverses choses. Par exemple, C’est les vacances dans la collection Oversharing est une revue anthologique dirigée par Eugénie Zely qui sélectionne parmi des textes reçus dont le but est de témoigner de la colère qu’on peut ressentir durant cette période qu’est l’été et les vacances. Évidemment, il y avait bien d’autres maisons d’éditions encore, mais je ne peux pas toutes les citer au risque d’être interminable, alors je te parle de celles qui m’ont marqués !

Ensuite, les revues étaient aussi très présentes.

La revue Point de chute, dont l’objectif est de publier les écrits de poètes jamais ou rarement publiés. Le magazine Médor, média belge qui s’ornent d'enquêtes, de récits et d’écrits divers. La revue Papier Machine fait appel à des personnes d’horizons différents et de parcours variés en leur donnant un mot sur lequel créer un texte, des images, des dessins, etc, afin de témoigner de la multiplicité de l’interprétation du langage. Plus généralement, elle s’amuse à questionner le langage, sa structure, son interprétation, etc. Encore une fois, il y a en avait encore bien d’autres, et je ne peux pas parler de toutes, hélas !

Crédit : Anne-Flore Mary et Samir Amezian (Sam’Touch)

Et il y avait des ateliers !

D’abord, un atelier d’écriture organisé par deux membres du collectif Poétesses Gang, intitulé "Poésies féministes”. On a reçu plusieurs exercices assez courts durant presque deux heures. L’ambiance était douce et bienveillante, personne n’était forcé de lire. Mon exercice préféré : chacun a dû écrire sur un petit papier quelque chose (ou plusieurs) dont iel avait besoin. Que ce soit du chocolat, dormir, trouver sa place, rester en vie. Ensuite, les papiers étaient pliés et mélangés, puis chacun en piochait un. Après ça, on devait écrire une lettre à la personne en question, en réponse à son besoin. Mon mot a été pioché, et la personne a répondu avec une douceur très touchante à ce que j’avais écrit. J’ai pioché le mot de ma voisine, qui a donc pu lire ma lettre, et je crois qu’elle aussi a été touchée. C’était un exercice vraiment intéressant, qui a créé un lien sans pression, car personne ne savait qui avait écrit le mot, alors personne ne se sentait jugé. Alex.ia, un.e des deux organisateurices, fait d’autres ateliers d’écriture intitulés Langue de lutte, je ne peux donc que te conseiller d’y aller !

Le second atelier auquel j’ai participé s’appelle “Les petites annonces”, organisé par le magazine Médor cité plus haut. Ce média existe depuis une dizaine d’années, et depuis quelque temps, veut remettre au goût du jour les petites annonces dans les journaux papier, qui ont disparu depuis l'avènement d’internet. Alors il est proposé aux participant.es d’écrire une annonce, dont la seule consigne véritable est de ne pas dépasser un certain nombre de caractères. Il est aussi dit que l’annonce ne doit pas dépasser un certain nombre de caractères. Ici, on ne craint pas la désobéissance, mais de nombreuses personnes respectent scrupuleusement la consigne, ce qui amuse la cofondatrice. J’ai écrit ma petite annonce, qui sera sûrement publiée en décembre, sinon quelques mois après. N’hésite pas à envoyer ta petite annonce également, il est encore temps pour le prochain numéro ! Rendez-vous sur le site annonces.medor.coop

Après deux journées bien chargées au cœur de la capitale belge, je suis rentrée chez moi, ravie de mon weekend et impatiente de revenir. Les gens étaient d’une grande douceur, et la poésie s’est naturellement glissée dans toutes les interactions, rencontres, blagues, sons. On s’y revoit l’an prochain ?

Comptes instagram des personnes ou collectifs cités : 
- Poetik Bazar : @poetikbazar
- Collection L’iconopop : @icono.pop
- Edition 10 pages au carré : @10pagesaucarré 
- Edition L’Arche : @larche_editeur 
- Edition Burn Août : @editions_burn_aout
- Revue Point de chute : @revuepointdechute 
- Magazine Médor : @medor_magazine
- Revue Papier Machine : @revue_papier_machine
- Collectif Poétesses Gang : @poetesses.gang
- Atelier d’écriture Langue de lutte : @languedelutte

Par Romane Galopin

Dernière modification le 06/10/2023 à 15h02

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