Littérature

Relire après une fac de lettres

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« Cet article est difficile à écrire. Je tourne autour depuis des semaines, j’y pense, mais incapable d’y déposer le moindre mot », ce sont mes mots de cet été, en plein mois de juillet. 
Alors j’ai laissé cet article, vivre en dehors de moi, sans même l’espoir d’y revenir.
(Il est vrai qu’il était nommé « article littérature boring »… peut-être que ça n’a pas aidé…)

Le blocage s’est levé récemment. (J’ose écrire cela le 25 novembre 2024)
« J’ose », car cet été j’étais persuadée être capable déjà, de lire de nouveau, sans pincement au coeur. 

Le coeur pincé c’est ces habitudes littéraires qui restent encrées presque maladivement, lire très vite, sauter les descriptions pour ne pas perdre de temps, lire encore plus rapidement, retenir le nom des villes, des personnages (que j’oublie sans cesse). Surligner les éléments clés, ne surtout pas oublier, écrire à côté, faire des résumés de chapitre, lire encore un peu plus vite. Ne plus lire pour soi, ne pas avoir le temps. Ne pas avoir le temps de lire, alors encore moins pour soi. 

Je me souviens avoir lu « La chartreuse de parme », quelques jours avant l’examen, quelques 800 pages, de les avoirs avaler, d’avoir surligner les phrases dites importantes. Heureusement, je me souviens de la médiathèque de La Rochelle, et de la mer face à la vitre qui accompagnait. Heureusement. 

Cet été, l’un des premiers livre que j’ai entamer après avoir quitter la fac de lettres (j’ai voulu écrire « ma » mais c’est visiblement devenu « la » avec le temps) était « Du côté de chez Swan » de Marcel Proust, parce que l’une de mes profs m’avait dit qu’il fallait lire la première partie à ses 20 ans, parce que je pensais avoir le temps d’apprécier cette littérature classique que l’on m’avait fait intérieurement rejeter durant 2 années. J’ai lu une bonne partie de l’été, dans la piscine des parents de ma copine. Je ne sais même plus où je m’en suis rendue, depuis le livre est fermé et je n’ai pas mis de marque page. La dernière page lue s’est donc perdue. Je ne peux qu’être sûre d’avoir lu jusqu’à la page 217 car c’est celle qui me semble être la dernière à être abimée par la lecture. 

Je me souviens avoir arrêté cette lecture pour lire « Tuesdays with Morrie » de Mitch Album, dont j’ai arrêter ma lecture à la page 23, je le sais car lisant en anglais, j’annotais les mots inconnus sur les bas de la page. La page 23 est la dernière à avoir été marquée par l’écriture.

À ce moment je me forçais inconsciemment à lire, à retrouver cette envie et cette passion qui m’habitait autrefois. Mais elle n’est pas revenue. J’ai emprunté des romans graphiques que j’ai apprécié lire et qui m’ont réconcilié à la lecture plus douce, à prendre le temps, à observer, à lire les détails, à aimer les descriptions de nouveau. Description non verbalisées. « Les culottées 1 et 2 », « Après le 13 novembre », « le printemps prochain » de Liu Yun et d’autres dont j’ai perdu la trace !!! (Emprunté le 2 septembre, et lus aux alentours)
Je sais aussi avoir relu avec mon amoureuse, les 7 BDs de Lou et les deux Sonata (on attends le 3 avec impatience). Lire à deux gage de sécurité et de tendresse. Livres et souvenirs d’enfance. Du bien dans mon coeur. 

Je me suis souvenue plus tard (1er décembre), que ma première lecture n’était pas celle-ci. Proust était le deuxième. Le premier livre à m’être tombé dans les mains (que ma belle famille m’avait offert à noël) était « La femme révélée » de Gaëlle Nohant. Je me souviens avoir ressenti la sensation du livre qui s’accroche dans les mains et qui n’en tombe jamais. Livre libérateur, merci. 

Le mois de septembre et octobre n’ont rencontrés que des textes sociologiques ou scientifiques issus de ma (oui, ici c’est la mienne) licence d’études culturelles, mais dont j’ai globalement apprécié la lecture. Point bonus pour le texte de Sara Farris sur le fémonationalisme qui doit être l’une de mes lectures préférées. J’ai aussi lu, mais par encore entièrement, Grèves et joie de Simone Weil, je dois le rendre avant jeudi d’ailleurs. 

Récemment j’ai lu et découvert les textes d’Amandine Dhée, « Et puis ça fait bête d’être triste en maillot de bain » et « La femme brouillon ». « Du Bulgom et des hommes » est encore posé sur mon tourne disque (j’avais écris table de chevet par habitude, mais il est littéralement posé sur mon tourne disque alors optons pour le tourne disque). Et il m’attends. (Depuis je l’ai lu, ça n’était pas mon préféré des 3.)

Cette courte pose d’Amandine Dhée (4 jours) est le signe qu’une autrice m’est retombée dans les mains : Sophie Calle. Je traversais une petite BU de quelques rayons et mon regard s’est posé sur une jolie collection, des livres colorés, dans un format très petit mais épais (un peu comme une liasse de paquet de cartes postales en vente en brocantes.) Format Sophie Calle. J’ai emprunté « A suivre », « Le rituel d’anniversaire » et « Gotham Handbook ». 
Le plaisir de trouver le temps de lire. 

Depuis des bribes de phrases dispersées à des instants inédits de mes journées, ou tout est attendu sauf cet article, sauf entamer de nouveau ce que je j’avais laissé de côté.

J’ai tenté de retrouver les bribes de ce première article, j’avais listé tous les livres que j’avais lu durant ces deux années de licence de lettres. Je n’ai retrouvé cette page que plus tard, je glisserai donc cette liste, exhaustive je crois, en bas de cette nouvelle page.

Il faut savoir (je veux m’en souvenir) que cet article est le plus décousu jamais écrit. Normalement il sort d’une traite. Il est rangé, organisé et vient à moi tout seul. Ici, les paragraphes me font la surprise de venir à des instants différents. Et je prends soin de les organisés en fonction de la chronologie et de mes souvenirs. 

Parce qu’il arrive encore que je saute une description alors que j’ai le temps de lire et l’envie. Parce qu’il arrive que je veuille surligner une information importante. 
Mais surtout, parce que chaque fois que cela m’arrive de nouveau, je prends le temps de découvrir cette description, ou de fermer le livre et d’y revenir plus tardivement. Parce qu’au lieu de garder en mémoire les informations importantes, je surligne les jolies phrases qui me parlent plus que les autres. 

Finalement, c’était pas si mal que ma première lecture s’appelle « la femme révélée ».

 

Stendhal, D'un nouveau complot contre les industriels (48)

Césaire, Discours sur le colonialisme (59)

Taubira, L'esclavage raconté à ma fille (165)

 

Hugo, Hernani (144)

Camus, Caligula (176)

Hugo, préface de Cromwell (208)

 

Baudelaire, Les fleurs du mal (304)

Baudelaire, les petits poèmes en prose (127)

Apollinaire, Alcools (129)

 

Stendhal, la chartreuse de parme (743)

Kessel, Fortune carrée (320)

 

Sophocle, Tragédies (60)

Giraudoux, Electre (192)

Sartre, Huis-clos (245)

O’neill, le Deuil sied à Electre (191)

 

Poe, les aventures d’Arthur Gordon Pym (352)

Verne, Voyage au centre de la terre (372)

Conrad, Au coeur des ténèbres (173)

Hesse, le voyage en orient (161)

 

Hoffman, contes (448)

Gautier, Récits fantastiques (476)

Cortazar, Fin d’un jeu (210)

Borges, fictions (208)

 

Carpentier, Concert Baroque (130)

Durrell, Balthazar (213)

Schopenhauer, L’art d’avoir toujours raison (96)

 

5951 pages de non amour 

 

Avant de partir de La Rochelle, j’ai donné la quasi totalité de ces livres sur Geev. Un monsieur était venu les récupérés, curieux de voir ce que l’on faisait en fac de Lettres de nos jours (il a dû trouver ça aussi drôle que moi de se rendre compte qu’en Lettres Modernes, on allait finalement pas plus loin que Baudelaire et Maupassant, comme lui il y a 40 ans.)

Il m’a offert 2 croissants de ma boulangerie préférée (Quignon) (Il ne le savait pas). Et la lecture boring qui se transforme en croisant chaud à 10h du matin c’est une image qui me plaît. 

Être passée de « Ma littérature » à « Relire après une fac de lettres » qui pourrait s’appeler « Ma deuxième littérature », ça fait vraiment du bien.

Merci 

 

 

Crédit illustration : Camille Deschiens (@camilledeschiens sur instagram) un grand merci !  

Par Andrea Mary

Dernière modification le 10/12/2024 à 11h52

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