Contre-nuit, c’est le premier EP de Doowy (Thibaud Demey) sorti ce 25 mars 2022. Amoureux des mots et de celles et ceux qui s’en sont accaparés, c’est tout droit vers le coeur que l’artiste nous a envoyé ses premiers morceaux.
Ouvrez grand les yeux et les oreilles, le voyage ne fait que commencer. Direction Saint-Jean-Cap-Ferrat, le titre ouvrant l’EP. C’est avec celui-ci que je l’ai découvert, aimant sagement défiler les musiques dans l’ordre. Et quelle surprise ! Sur un thème musical disco-pop, on accueille un texte qui donne envie de redécouvrir l’évasion. La finesse d’un rayon de soleil qui repeint les maisons. L’élégance d’une plage qui habille un paysage. Le besoin d’air, d’amour et de rendre à la douceur ce qu’elle mérite : du temps de contemplation. Inutile de préciser qu’à ce moment même, je savais que la suite allait me plaire. Jean d’Ormesson met des mots sur mes émotions : « La culture est proche d'une façon d'être, d'un coup de foudre, d'une fête toujours inachevée du bonheur. » La fête ne faisait que commencer.
Photo de James K Barbosa
C’est toujours en révélant en nous l’envie de danser que l’EP se poursuit. Un militantisme présent avec délicatesse et sincérité : L’eau du bain. Ce morceau révèle, d’après moi, deux failles de la société. La première étant celle de la place de l’homme dans le couple hétérosexuel. Pourquoi ce dernier doit forcément être protecteur, fort, cachant à tout va ces émotions ? La seconde étant que le rose va super bien aux hommes et que nous n’en parlons pas assez (??????). Ce deuxième titre offert par Doowy nous emmène tout droit dans la baignoire d’un homme, arguant que l’eau du bain est plus accueillante lorsque les bras, les seins, la peau de celle qu’il chérie est à ses côtés.
« Et l'homme viril que je n'suis pas
Se blottira toujours sous les ailes
De celle qui le console à chaque fois
Que la vie dure le harcèle ».
Inutile d’en dévoiler plus, je vous laisse découvrir le super clip réalisé par Quentin Moll-Van Roye.
Mon étoile rejoint l’itinéraire. Non loin d’être universelle, nous sommes nombreux à y offrir un visage, un nom, un souvenir. Cette « étoile » qui veille sur nous, nous a quitté, toujours trop tôt et souvent sans prévenir. Pour Doowy, il s’agit de celle qui l’a mis au monde, élevé. On ressent l’intimité, la pudeur, mais aussi - et surtout - le respect, la générosité. Un titre qui ne laisse pas indifférent, mouille les yeux et tourmente les coeur. Pourvu qu’elle dure cette chanson !
Néanmoins, la suite appelle à rester concentrer. Le voyage n’est pas terminé, pour notre plus grand plaisir. On imagine alors une soirée, durant laquelle se déroule le morceau Te plaire. Quand on rêve d’un corps. Puis appelle un coeur. Une histoire de rencontre, de fièvre en battements. Lorsqu’un amour d’un soir ne se passe pas comme prévu, lorsqu’au moment de partir pour un adieu, nos sentiments en décident autrement. La chaleur d’une émotion non controlée. Mais aussi la peur. Peur de ne pas assouvir un amour initialement redouté. Et c’est beau. « J’ai vécu de vous attendre » disait Paul Valery… et Doowy ? Quand les rôles s’inversent, il faut alors faire des concessions. Une fois encore, c’est à travers un clip réalisé par Quentin Moll-Van Roye que l’on découvre l’histoire dans toute sa finesse. Sans fioritures. Deux coeurs, deux corps, des couleurs, une musique. Punto e basta !
Avant dernière escale avant d’arriver à destination. Et c’est ici que l’on Déraille. Pour ma part, la voix de Doowy m’a particulièrement conquise sur ce titre. Est-ce les paroles qui la mettent en valeur ? Sa voix de tête ? Peu importe, pourvu que l’émotion s’empare de mes attitudes. Récemment, une amie m’a posé la question « Quand est-ce que tu as sentie que tu étais dans le monde des grands ? », assez lamentablement, j’ai réalisé que c’était le jour où j’ai compris qu’une personne qui en quitte une autre n’est pas toujours celle qui voulait que ça s’arrête. Déraille, c’est un peu ça. La douleur de devoir dire au revoir à celle ou celui qui n’a su gérer ses problèmes, les disséminant peu à peu sur soi. Quitter pour se protéger.
« Je fais détour mon amour
Je me détourne pour voir la lueur du jour ».
La douleur du départ ne se veut alors pas rose mais nécessaire. Voilà de quoi l’accepter…
Enfin, nous voilà arrivés. Imaginez alors un soleil qui se couche. Une plage animée, des gens qui sourient, qui dansent, qui rigolent. Créez vous l’univers idéal pour accueillir une chanson qui casse les codes. À l’ère de la déconstruction masculine, c’est le titre Fragile que Doowy nous propose. Enchaînant les critiques qu’un garçon peut se prendre au collège, allant du fait de s’habiller en rose à celui de trop pleurer, c’est toute une société patriarcale qu’il critique. En effet, le principe même d’imaginer l’homme supérieur à la femme le place dans une position de dominant. Or, longtemps, les dominants faisaient références aux… animaux. Oui oui, ceux qui grognent. Difficile pour un homme d’assumer alors sa part de « féminin ». Quoique Doowy le fait à merveille, voilà qu’il est de nouveau mis en valeur dans un clip, encore une fois très bien réalisé par Quentin Moll-Van Roye.
Voilà. Doowy, c’est ça. Contre-Nuit. C’est une voix, une sensibilité. C’est abhorrer des dictats et les contourner. C’est aimer découvrir, voir fleurir, et même pleurer. Des jours heureux et es plus tristes, pourvu que le coeur ne s’arrête jamais de vivre.
Alors on sourit. Les dernières notes de Contre-Nuit se jouent et l’on pense à ces vers de Rimbaud qui n’ont jamais paru aussi évidents :
« J’ai tendu des cordes de clocher à clocher
des guirlandes de fenêtre à fenêtre
des chaînes d'or d'étoile à étoile,
et je danse. ».
C’est réussi.
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